Une autre attaque insensée contre les francophones
Le lac Ramsey à partir de la plage sur le campus de la Laurentienne.
Chronique
Pour des raisons peu claires, l’Association des étudiantes et étudiants francophones de l’Université Laurentienne (AEF) a décidé de mettre fin au financement du journal étudiant francophone, l’Orignal déchaîné en mai. Il s’agissait de percevoir des frais accessoires de 10 $ par étudiant et par an. L’ensemble du processus qui sous-tend cette décision manque de clarté, de justice et de bon sens.
Voici un exemple : selon le point 6.2.2. des règles administratives de l’AEF : «Le [Conseil des délégués] doit faire passer par référendum tout changement concernant les frais accessoires qui sont déboursés par les membres».
Vous pouvez vous demander : l’AEF a-t-elle décidé de suivre sa constitution en s’adressant à ceux qui les ont élus en invoquant un référendum? La réponse : Absolument pas.
Un autre point : l’AEF a pris cette décision illégale lors d’une réunion ordinaire qui n’a même pas atteint le quorum, selon nos sources internes à l’AEF. L’administration précédente, dirigée par le président de l’époque, Simon Paquette a vraiment pris de gros risques en espérant que personne ne le remarque.
Alors que la Laurentienne est sous le feu des critiques de l’ensemble de la communauté, surtout des francophones, on peut se demander pourquoi son association étudiante francophone a décidé d’ignorer ses propres règlements afin d’arrêter de financer le journal étudiant francophone.
Quel est le vrai raisonnement?
Dans un communiqué de presse envoyé le 20 juillet, l’AEF soutient sa décision en soulignant que «L’Orignal déchaîné qui servait autrefois uniquement les intérêts des francophones de l’Université Laurentienne a décidé d’étendre son pouvoir à la communauté». L’Association mentionne qu’elle ne se sent «plus en droit de continuer à collecter de la part des étudiants de l’argent pour un journal communautaire».
L’Orignal déchaîné a toujours eu cet aspect communautaire depuis le premier jour. Il est au service de tous les francophones, certainement avec un angle sur la vie étudiante, mais pas uniquement. Si vous regardez n’importe quelle édition, vous verrez certainement quelque chose sur la politique ontarienne, un compte-rendu de la Nuit sur l’étang, une chronique sur les expériences d’une étudiante qui a voyagé à l’étranger pendant l’été ou plus encore, des conseils pour la vie de tous les jours, etc.
Si on observe les articles publiés depuis septembre 2021, c’est évident que tous les articles étaient pertinents pour les étudiants. Chacun. D’entre. Eux.
Donc les arguments que le journal est trop «communautaire» n’ont aucun sens. Cependant, c’est ce que l’ancien président de l’AEF, Simon Paquette réitère aux médias : «Pourquoi financer un journal communautaire plutôt qu’un autre?», a-t-il mentionné à Radio-Canada.
Nous parlons de fausses accusations pour essayer de justifier une décision non-méritée : «Nous félicitons et encourageons le journal dans la nouvelle lancée». Quelle nouvelle lancée? Il semble que le CA de l’AEF essaie de convaincre le public que L’Orignal a entrepris un nouveau projet.
Cependant, nous ne sommes toujours pas capables de répondre aux questions primordiales : pourquoi couper le financement et pourquoi maintenant?
Une théorie
Récemment, le CA de l’Orignal a décidé d’ouvrir ses sièges à d’autres membres de la communauté, pas seulement à des membres de l’AEF. La raison est simple : assurer la stabilité. Confier cette responsabilité a entrainé des conséquences liées à la mauvaise gestion. Les étudiants vont et viennent. Ils doivent plutôt se concentrer sur la rédaction. Un CA de gens expérimentés donne un cadre de mentorat solide à l’équipe du journal.
L’Orignal doit se reconstruire.
Le conseil a également décidé de supprimer le poste permanent de l’AEF au sein du conseil. Il était tout à fait inapproprié que le président de l’AEF doive approuver toutes les dépenses d’un journal indépendant, puisque l’association est la plus grande source de financement de L’Orignal. Le CA a jugé cette décision appropriée.
Il est possible que l’AEF n'ait pas apprécié ces deux décisions. Nous espérons qu'ils comprennent qu’elles ont été prises pour le bien des deux parties et qu'elles ne changeront pas notre mandat.
Porte fermée
Je dois mentionner que la présidente actuelle de l’AEF, Hemliss Konan, a refusé de proposer un référendum.
La présidente n’était pas ouverte aux négociations. En fait, lorsque le CA de L’Orignal déchaîné a planifié une réunion avec son CDD pour essayer de clarifier le dossier et sauver le financement pour la prochaine année académique, celle-ci a délibérément déplacé cette réunion en septembre. Après la date limite pour établir les frais accessoires, sabotant le financement de cette année.
Cependant, ils se disent alliés dans le communiqué : «Les portes de l’AEF n’ont jamais été fermées et ne seront jamais fermées. Nous sommes disposés à travailler avec L’Orignal déchaîné».
Faux prophète.
Libérer l’étau
Nous parlons de la voix étudiante francophone. Nous parlons de la presse libre. Nous parlons des francophones travaillant pour des francophones.
Le fondement même du journalisme indépendant est qu’il n’est pas sous la coupe de quelqu’un ou de quelque chose. Il est impératif que les journalistes de L’Orignal déchaîné disposent d’une liberté éditoriale totale quant à ce qu’ils choisissent d’écrire. Surtout face aux décisions de l’AEF.
Cependant, les relations entre l’AEF et L’Orignal déchaîné ont toujours été difficiles. Demandez à tout journaliste étudiant qui a eu affaire avec eux dans le passé. Les critiques des journalistes de L’Orignal déchaîné en lien avec la gouvernance de l’AEF n’ont pas été appréciées dans le passé.
Il a toujours été possible que des représailles surviennent.
Peut-être que ce jour est finalement arrivé.