Haché reconnait qu’il y a du «boulot à faire»

Le recteur de l’Université Laurentienne, Robert Haché. Photo : courtoisie de Isabelle Bourgeault-Tassé

Le recteur de l’Université Laurentienne, Robert Haché.

Photo : courtoisie de Isabelle Bourgeault-Tassé

Le recteur de l’Université Laurentienne, Robert Haché indique que l’établissement est en train d’évaluer la demande de programmation pour l’offrir aux futurs étudiants. L’université travaille actuellement sur un plan de reconstruction de l’offre de programmes, ce qui signifiera la création de nouveaux programes d’arts et d’études autochtones, entre autres.

Face aux accusations de la communauté selon lesquelles l’université est en train de devenir une «université minière», et donc polytechnique, le recteur a déclaré que c’était en fait tout le contraire. «Ce n’est pas notre intention d’être polytechnique, dit-il. […] Nous reconnaissons que nous avons un mandat qui est plus large que ça pour la communauté.»

Les arts ont été particulièrement touchés parmi des 69 programmes qui ont été éliminés plus tôt cette année, dont 28 en français. Il n’existe plus de programmes d’Études françaises, de Géographie, d’Histoire, de Littérature et culture francophone, de Philosophie, de Théâtre ainsi que Musique (offerte anciennement uniquement en anglais) et plusieurs autres. L’Université offre maintenant 17 programmes des arts, dont 7 en français.

«Est-ce qu’on va rebâtir notre offre dans le futur de programmes des arts? J’y crois sincèrement, souligne-t-il. […] On reconnait l’importance de la musique, de la philosophie, etc. pour l’éducation interdisciplinaire de nos étudiants.»

En fin de compte, il explique que les programmes éliminés n’étaient tout simplement pas soutenables pour la demande actuelle. Pour atteindre l’objectif de pouvoir répondre aux demandes d’aujourd’hui, il souligne que l’université doit sonder ses élèves, des élèves du secondaire, des professeurs, des employeurs ainsi que des conseils scolaires pour connaitre la demande actuelle de programmation.

«Nous devons assurer l’intérêt des étudiants. C’est ça qui est le plus important. […] Il faut que le développement se base sur les données», dit-il.

Impossible de spéculer sur les interactions avec l’Université de Sudbury 

Un sondage complété par 10 % des membres de l’Association des étudiantes et des étudiants francophones de l’Université Laurentienne (AEF) indique que 81,9 % des participants sont d’accord avec l’idée de la création d’une université francophone à Sudbury qui travaillerait en partenariat avec d’autres universités, notamment la Laurentienne.

Bien que le sondage indique que les étudiants sont en faveur que l’Université de Sudbury (UdeS), maintenant officiellement «par, pour et avec les francophones», collabore avec la Laurentienne, le recteur de l’UL affirme qu’une collaboration n’est pas une priorité en ce moment.

«Pour l’instant, je ne peux pas spéculer sur des possibilités d’interaction avec l’Université de Sudbury. S’ils ont des programmes qui se développent, j’en suis sûr qu’il va avoir des conversations. Mais pour l’instant, nous sommes concentrés entièrement sur la Laurentienne pour compléter le processus dont nous avons entamé pour redonner la santé à l’université», dit-il.

Le mandat triculturel est «important»

Les communautés francophones et autochtones doutent que l’UL prennent vraiment au sérieux son mandat triculturel après avoir éliminé près de la moitié de ses programmes francophones et forcé l’arrêt du programme d’Études autochtones de l’UdeS.

«La raison pourquoi laquelle je suis venu à l’Université est parce que c’est une université bilingue et triculturel. C’est la seule université qui offre cela. Je trouve ça tellement important pour les étudiants et pour le pays. Je tiens ça bien à cœur», dit le recteur.

Il explique que l’université est en train de bâtir un nouveau programme d’études autochtones. «Ça se fait à l’instant.»

Il a également indiqué que la réembauche d’anciens employés n’est pas exclue pour tous les nouveaux programmes sur lesquels ils travaillent. «Nous avons déjà réengagé certains. Bien sûr, nous allons réembaucher dans les programmes qui sont dans la croissance et qui ont un besoin de plus d’instructeur. C’est surtout quelque chose qu’on peut regarder pour l’année prochaine lorsqu’on soit de retour sur le bon chemin.»

Une institution bilingue encore crédible?

L’institution subit d’immenses pressions de la part de la communauté francophone en raison de la suppression de 28 programmes francophones. Robert Haché affirme qu’il reconnait que la confiance a été perdue et qu’il faut la regagner.

«Nous devons absolument être reconnaissants envers la communauté et les étudiants. Nous savons que nous avons beaucoup à faire pour rebâtir la confiance de la communauté et c’est exactement à ça qu’on s’engage», indique-t-il.

Cependant, il dit que la suppression de presque 30 programmes ne ressemble beaucoup seulement sur papier.

«En effet, quand on regarde 28 programmes de terminés, c’est un pourcentage assez imposant. Par lui-même, ça soulève beaucoup de questions, mais quand on regarde, il y en avait 10 qui n’avaient aucun étudiant enregistré depuis 4 ans», affirme-t-il. D’autres avaient parfois seulement deux ou trois élèves par classe. «Ça donne un autre portrait sur les changements qui ont été faits.»

Il avance que cela explique comment les francophones n'ont pas été touchés de manière disproportionnée par les coupures, même si l’institution a coupé 40 % des programmes offerts en anglais et 48 % des programmes offerts en français. «Quand on regarde, en dessous de 10 % des étudiants ont été touchés sur les deux côtés, et c’est une réflexion de l’approche qui a été prise», dit-il.

Le financement gouvernemental n’aurait même pas été suffisant pour pérenniser les programmes francophones. «Nous reconnaissons que nous recevons des subventions qui sont dirigées pour nos programmes bilingues et en français. Mais, le nombre d’étudiants est moins que le nombre d’étudiants que nous avons besoin dans des programmes en anglais pour atténuer la soutenabilité. Cela aussi a été considéré dans les décisions qui ont été prises.»

Piscine olympique Jeno Tihanyi : une affaire du passé?

La piscine Jeno Tihanyi de l’Université Laurentienne – la seule de taille olympique dans le Nord-Est de l’Ontario – est fermée depuis mars 2020. Selon l’université, elle nécessite plus de 10 millions $ en réparations et en rénovations.

Le recteur explique que les investissements nécessaires ne sont pas une priorité en ce moment et qu’il n’a aucune date spécifique pour sa réouverture. Il souligne que l’université est concentrée sur la fonction du campus et de l’expérience étudiante essentielle. À ce jour, la piscine demeure toujours fermée, mais non le gymnase.

«Pour la piscine, bien sûr […] on pourrait espérer rouvrir la piscine pour les étudiants. Mais nous devons investir une somme assez imposante. L’opération de la piscine coute plus cher qu’opérer un gymnase. […] Quand on fait les chiffres, on ne peut pas ouvrir la piscine actuellement d’une façon soutenable et où ce qu’on est en continuant le processus de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), nous devons regarder la soutenabilité de tout ce qu’on fait et, évidemment, quand on va en sortir du processus de continuer à regarder la soutenabilité», indique-t-il.

M. Haché a aussi mentionné que l’université cherche activement des investisseurs afin que la piscine puisse être «soutenable à long terme. J’espère que ça va y arriver.»

Philippe Mathieu

Philippe Mathieu est le président du conseil d’administration de L’Orignal déchaîné. Il était auparavant le rédacteur en chef pour ce journal étudiant francophone de septembre 2021 à mars 2022.

Précédent
Précédent

Le NPD redépose un projet de loi pour la modernisation et l’amélioration de la Loi sur les services en français

Suivant
Suivant

Un sondage montre que les étudiants francophones appuient deux universités