Du passé au présent : l’AEF veut-elle encore une université française?
Photo : Olivier Bonin-Ducharme
Du passé au présent
Il est fort intéressant de revoir ce qui se passait à l’Université Laurentienne dans le passé. En fouillant dans nos archives, l’équipe de l’Orignal déchaîné a récupéré quelques articles qui ont suscité de l’attention au temps de l’écriture. Cette nouvelle série, Du passé au présent, est construite sur la recherche de parallèles entre ce dont les auteurs de l'Orignal déchaîné ont été témoins, tant dans le passé que dans le présent. En plus, Olivier Bonin-Ducharme rajoute son cinq cenne à la fin du texte pour ajouter une perspective étudiante à l’article republié.
L’AEF veut une université française
Texte original publié le 19 décembre 1989. Volume 3, numéro 6. L’Orignal déchaîné.
Auteur : équipe de l’Orignal déchaîné.
Mardi 12 décembre, l’Assemblée générale annuelle de l’AEF destituait de ses fonctions le président récemment élu aux dernières élections partielles tenues en novembre. Raison principale de ce vote de non-confiance: sa récente déclaration lors d’une entrevue radiophonique à CBON.
En effet, Daniel Léger y déclarait qu’il n’appuyait pas le projet de créer une université franco-ontarienne. Un groupe d’étudiants membres de l’AEF qui n’acceptait pas de tels propos dans la bouche de leur représentant a donc refusé de ratifier son élection telle que prévu par la procédure de l’Assemblée générale annuelle… En outre, à cette même assemblée, les étudiants ont aussi demandé la démission du vice-président, lui aussi récemment élu, Conrad Messier.
Démissions
Ces deux votes de non-confiance ont immédiatement provoqué la démission de trois autres membres du Grand Conseil, à savoir Bernard Gervais, Jeanne Taillefer et Charles Constant.
Lors de la même AGA, de nombreuses propositions ont été faites en vue d’améliorer la constitution de l’AEF et de donner de nouvelles structures à l’Association étudiante. Ainsi sept comités de travail qui devront faire des recommandations au Grand Conseil et qui demanderont la participation d’autres étudiants, membres de l’AEF, ont été créés.
Pour combler les postes vacants, l’AGA devrait élire le vice-président Pierre Perreault au poste de président par intérim, Didier Kabagema au poste de vice-président et Hélène Lavoie comme sénatrice.
Le lendemain
Pourtant le lendemain, Pierre Perreault a démissionné. Cette décision provoquait ainsi la tenue d’une réunion d’urgence du Grand Conseil. Lors de cette réunion tenue dimanche 17 décembre à l’Entre-Deux, le Grand Conseil élisait Jean Dennie (le président élu au suffrage général en avril 89 et qui avait démissionné en novembre), au poste de président par intérim. En outre, le Grand Conseil prenait la décision de revendiquer officiellement la création d’une université franco-ontarienne et cela à l’unanimité.
Cette succession de coups de théâtre en l’espace d’une semaine a eu, outre la consolidation du Grand Conseil, au moins une répercussion bien concrète: on n’avait pas eu depuis bien longtemps autant de participants à une réunion du Grand Conseil. Il est à souhaiter que cette soudaine hausse d’intérêts pour les travaux de l’AEF se prolongera dans les mois à venir.
Le cinq cenne d’Olivier
Avec la récente destitution de la présidente de l’AEF Hemlisse Konan et l’Université de Sudbury qui prend de l’avance dans sa mission d’une université par et pour les francophones, on peut voir que l’histoire se répète… genre. C’est bien intéressant de lire l’AEF mandater si férocement et publiquement pour une université francophone, tandis que c’est maintenant quasiment un tabou à la Laurentienne de parler de la bâtisse en haut de la côte. Après des années de lutte, est-ce que l’Association des étudiants francophones de la Laurentienne devrait prendre position plus fortement sur le nouveau projet de de l’UdeS? Est-ce qu’elle a les mêmes buts qu’en 1989, lorsque le Grand Conseil (maintenant le Conseil des délégués) a voté par unanimité pour la revendication d’une université franco-ontarienne?
Aussi, jusqu’à date, la communication entre les deux universités semble être carrément absente (publiquement, anyway). Bien que les tensions doivent être pomal haute entre les deux administrations, c’est un peu choquant de voir des institutions se tourner le dos comme des enfants, surtout lorsqu'ils sont sur le même campus. Comme démontré par le sondage de l’AEF en 2021, la grande majorité (81.9%) de ses membres supporteraient une université francophone à Sudbury SI elle coopère avec les universités environnantes. Bon, on ne peut pas pointer du doigt, mais le recteur de l’UdeS, Serge Miville, a récemment tweeté qu’il a hâte d’engager en dialogue avec la nouvelle rectrice par intérim de l’UL. Avec un côté qui tend la main, il faudra voir si la Laurentienne peut se doter d’un peu de compassion pour une fois…