Le grand manque de cours aux choix francophones
L’édifice Alphonse-Raymond sur le campus de l’Université Laurentienne.
Photo : Philippe Mathieu
Depuis le lundi noir du postsecondaire incarné par la crise de l’Université Laurentienne (UL), un sentiment d’intranquillité se maintient au sein de la communauté étudiante. Les coupures de 69 programmes d’études et de plus d’une centaine de professeurs ont notamment entrainé des conséquences réelles pour les étudiantes et étudiants au niveau du choix de cours.
D’après la plateforme permettant l’inscription aux cours proposés par l’Université Laurentienne, un total de 511 cours est offert au premier cycle en français entre la session d’hiver et la session du printemps. Pourtant, selon son site officiel, il y a «800 sections de cours» qui sont offertes en français pour les étudiants en premier cycle.
En ce qui concerne les cours en anglais, il y a un peu plus de 1100 cours qui sont proposés entre la session d’hiver et la session du printemps.
«Quand je me suis inscrite à la Laurentienne, je m’attendais à plus de cours en français. Au moins un équilibre (entre les cours en français et en anglais), car c’est censé être une université bilingue. En réalité, les étudiants francophones ont moins de choix, et c’est décourageant», dit une étudiante au premier cycle, Océane Léla. L’étudiante préfère conclure en disant qu’elle a déjà pensé de «changer d’université».
Inégalité parmi les domaines
Il est facile de remarquer qu’il y a un écart au niveau de l’offre de classes vis-à-vis du domaine d’étude. En guise d’exemple, la plateforme de choix de cours de l’UL offre seize cours est dédié à la Biologie pour les étudiants du premier cycle inscrits au semestre d’hiver, lorsque seulement deux cours sont offerts dans le domaine du Service social et un cours est offert dans le domaine de Langue pour ce même échantillon.
Témoignages d’étudiants
Il est évident que les élèves ressentent le manque de choix de cours. En le comparant aux années précédentes, plusieurs reconnaissent que l’offre des cours aux choix n’est plus dans leur faveur. Dans les témoignages d’étudiants que nous avons pu réaliser, les thèmes communs sont ceux de déception et d’insatisfaction par rapport au manque de choix de cours en français, dont plusieurs se sentent forcés de prendre des cours qui ne les intéressent pas ou ils se sentent comme s’ils ne peuvent pas choisir un cours en français dans l’ensemble.
«Je dois choisir des cours qui ne répondent pas à mon centre d’intérêt», dit un étudiant international venant du Sénégal en troisième année dans le programme d’Administration des affaires, Hadji Diop.
Hadji Diop. Photo : courtoisie
L’étudiant explique qu’il aurait aimé suivre des cours de Philosophie ou d’Études religieuses, mais que ces cours ne sont plus disponibles en raison des coupures de plusieurs programmes. Il souligne qu’il se sent comme si «le choix est restreint».
Jacques Mathieu est inscrit dans sa deuxième année au baccalauréat d’Education avec une majeure en History. Il veut s’exposer aux cours aux choix en français, sa langue maternelle puisqu’il poursuit ses deux sujets principaux en anglais. Il avait décidé de suivre des cours aux choix en Géographie pour obtenir une mineure pour se qualifier d’enseigner la matière au niveau supérieur.
Bien qu’il a été capable de suivre certains cours l’année précédente, malheureusement, l’offre des cours de Géographie est quasi inexistante en français ou en anglais. «Je suis vraiment déçu. Il n’y a pas vraiment d’autre chose qui m'intéresse, à part de la religion. Malheureusement, cela aussi a disparu», dit-il.
Jacques Mathieu. Photo : courtoisie
Sondage pour mieux comprendre la situation des étudiants
Les statistiques démontrent à partir d’un sondage qu’a conduit L’Orignal déchaîné que la majorité des participants ont rencontré des obstacles avant de choisir leurs cours facultatifs. L'enquête comptait dix participants et a été menée par entretien téléphonique.
D’après les résultats, environ 90 % de ceux qui suivent au moins cinq cours pour le semestre d’hiver ont rencontré des difficultés quant à leur choix de cours. Cela s’exprime à travers un manque de communication, ou par le choix restreint des cours qui leur fut proposé cette année. Une donnée importante que nous avons pu relever montre que plus de 70 % des étudiants estiment que leurs horaires sont condensés en quelques journées.
«Je voulais suivre certains cours (facultatifs) reliés directement à mon domaine d’étude, mais il n’y en avait pas assez. Mes cours facultatifs sont des cours obligatoires dans d’autres programmes […] Je suis ces cours juste pour finir le plus tôt possible», dit une étudiante qui a préféré garder l’anonymat.
Nawfal Sbaa, un étudiant francophone en quatrième année inscrit dans le programme d'Administration des affaires, est confiant malgré la complexité engendrée par les coupures. Il tient à souligner qu’il demeure «optimiste au projet de rayonnement de la francophonie sur le campus universitaire de la Laurentienne».
Nawfal Sbaa. Photo : courtoisie
Julie Antoniades trouve que «le choix de cours est un peu décevant par rapport à ce que l’université nous envoie comme image», dit-elle. Mme Antoniades explique qu’elle se retrouve à prendre des choix «par défaut». L’étudiante de première année en Psychologie précise qu’elle est beaucoup plus satisfaite avec ses cours obligatoires à l’égard de ceux qui sont facultatifs. Elle complète son idée en soupirant qu’elle aurait aimé avoir plus de choix de cours pour que ça soit à la hauteur de ses attentes.
Julie Antoniades. Photo : courtoisie