Chronique du TNO : Eux aussi y viennent du Nord ‘stie
Quoi si, moé ‘ssi j’viens du Nord ‘stie. Un titre qui veut dire bien des choses pour biens des gens.
Le tout aurait débuté lors d’une rencontre entre les anciens de Moé j’viens du Nord ‘stie. Denis St-Jules aurait été mandaté de proposer au Théâtre du Nouvel-Ontario de revisiter cette ancienne pièce avec les étudiants du programme de théâtre de la Laurentian University. Qui aurait cru que ceux qui auraient participé à la création du spectacle fondateur du TNO auraient également donné l’inspiration du dernier spectacle des étudiants du programme de théâtre de la Laurentian University, un moment tout aussi marquant de la culture franco-ontarienne, mais beaucoup plus sombre.
On s’est dit qu’après 50 ans, il est impossible pour la jeunesse d’aujourd’hui de se retrouver dans ces personnages. Qu’aurait à dire la génération d’aujourd’hui? À quoi ressemble l’univers théâtral de 2021? Quelle belle idée! Les étudiants du programme de théâtre seraient parfaits pour représenter cette nouvelle génération. Après tout, ce programme a produit de multiples artistes au fil des années.
Tout comme la pièce originale, la pièce des étudiants capture un moment dans le temps. L’année 2021 sera inoubliable pour plusieurs, mais ne ressemble pas du tout aux années précédentes où à celles à venir.
En plus de faire la production complète d'une pièce étudiante par zoom, d’un spectacle qui change de forme constamment à cause de la situation sanitaire qui se détériore de semaine en semaine, les étudiants ont appris l’étendue des problèmes financiers de la Laurentian University. Chacun s’attendait à ce que cette situation cause des problèmes, mais plus les semaines avançaient plus la situation semblait s’empirer.
Puis, quelques jours avant la première du spectacle, la nouvelle tombe. Plus d’une soixantaine de programmes sont coupés à la Laurentian University, dont le programme de théâtre. C’est d’une ironie cruelle.
Une communauté sous-représentée et marginalisée
Les étudiants se retrouvent donc sans futur programme en train de créer un spectacle hommage à une troupe de la même université. On se demandait ce que la jeunesse d’aujourd’hui avait à dire, et ils en avaient une tonne. L’idée de faire de multiples scènes a permis à chaque étudiant de toucher aux sujets qui lui tiennent à cœur. Au travers de chaque scène, on ressent leur colère, leur impuissance et leur frustration.
L’impuissance était d’ailleurs plus appropriée que jamais. On sentait ce thème très présent dans chaque scène. Impuissant face à l’environnement, au capitalisme, à la pandémie, à l’actualité et à la situation actuelle à la Laurentian.
Maintenant que cette aventure est terminée, quelle est la suite pour ces étudiants? Où aller maintenant que leur université leur a fermé la porte au nez? Certains étudiants vont à Ottawa, quelques-uns quittent l’Ontario. L’un d’entre eux va même poursuivre ses études à Moncton! Certains parviendront à rester à Sudbury tandis que d’autres ont réussi à obtenir leur diplôme avant la fermeture de leur programme. 50 ans après cette fameuse pièce qui mettait en valeur une communauté sous-représentée et marginalisée se retrouve aujourd’hui une communauté toujours sous-représentée et marginalisée.
Ces 4 chroniques n’ont pas pu rendre justice à tout ce qui s’est passé durant la période de production. Les péripéties de cette pièce ont été tellement extraordinaires qu’il pourrait y avoir un documentaire à ce sujet. Ces étudiants garderont de nombreux souvenirs de cette expérience et je suis certain qu’ils ont bien d’autres choses à vous partager.
Il est impossible de ne pas féliciter tous les artistes qui ont collaboré au projet pour leur excellent travail, les mentors, l’équipe du TNO et à Mathieu Séguin, le vidéaste sans qui ce spectacle virtuel n’aurait pas été possible. Félicitations aux étudiants du défunt programme de théâtre d’une certaine université : Maxime Cayouette, Maël Bisson, Alexandre Noël de Tilly, Simon Paquette, Mauricio Campbell-Martinez, Andrea Clermont, Lauryn Carney, Morgan Cook, Shelby Lebeau et Micheal Lemire ainsi que leur professeure Miriam Cusson. Puis, merci à l’Orignal déchaîné de nous avoir permis de partager avec vous le parcours de ces jeunes.
Et merci au groupe de Moé j’viens du Nord ‘stie de nous avoir partagé cette merveilleuse idée pour ce projet.
Créer une œuvre collective, ce n’est pas simple. Chacun a ses propres idées et préférences. Créer une pièce de théâtre complète dans le cadre d’un cours est exigeant, puisque le nombre d’heures est limité et les étudiants ont d’autres cours et même des emplois à gérer en même temps. Créer une pièce de théâtre en pleine pandémie est compliqué, puisqu’il faut concevoir la pièce différemment en prenant en compte les mesures sanitaires recommandées. Créer une pièce de théâtre en tant qu’étudiant sans programme de théâtre est difficile, mais pas impossible. Après tout, ça a été fait auparavant. Il y a toujours de l’espoir pour le théâtre étudiant à Sudbury.
Jeffrey Kambou
stagiaire en communications et marketing
Théâtre du Nouvel-Ontario
__________________________
À lire également sur le même sujet :
« Quoi si, moé ‘ssi j’viens du Nord ‘stie? » Chronique du TNO