Les étudiantes et étudiants doivent appuyer les professeures et professeurs
Kayla Weiler. Photo : courtoisie
Lettre au rédacteur en chef
Kayla Weiler est la représentante à l’Exécutif national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCEE) de l’Ontario.
Au rédacteur en chef,
Les étudiantes et étudiants ainsi que les travailleuses et travailleurs constituent l’épine dorsale des campus des collèges et des universités de l’Ontario. Les travailleuses et travailleurs préparent le terrain à de meilleures conditions sur les campus où les étudiantes et étudiants étudient et – parfois – vivent et travaillent. L’écosystème de l’établissement ne peut fonctionner pleinement sans les étudiantes et étudiants et les travailleuses et travailleurs.
Cette dernière année, les établissements ontariens ont connu une augmentation des actions de grève du personnel enseignant. Au cœur de toutes ces actions, il y a eu des revendications pour de meilleures conditions de travail et d’apprentissage, la fin de la privatisation et des emplois précaires ainsi que des conditions plus propices à l’enseignement postsecondaire dans son ensemble.
Les professeures et professeurs continuent de se surpasser pour les étudiantes et étudiants depuis le début de la pandémie en leur offrant du soutien tant sur le plan scolaire que sur celui de la santé mentale. Les professeures et professeurs continuent de négocier pour obtenir des ajustements de la charge de travail, la parité salariale, la sécurité d’emploi et l’équité en emploi ainsi que des libertés universitaires. Ces priorités des professeures et professeurs sont importantes pour les conditions d’apprentissage des étudiantes et étudiants.
Contrairement à ce qu’affirment les administratrices et administrateurs, il n’existe aucune division nette entre les étudiantes et étudiants, d’une part, et les instructrices et instructeurs et autres travailleuses et travailleurs scolaires, de l’autre. Un certain nombre d’instructrices et d’instructeurs contractuels sont eux-mêmes des étudiantes et étudiants. C’est le cas des assistantes et assistants à l’enseignement et à la recherche, par exemple. À l’Université de Waterloo – un des derniers lieux de travail non syndiqués pour les assistantes et assistants à l’enseignement et à la recherche ainsi que les instructrices et instructeurs contractuels –, une campagne de syndicalisation organisée par des travailleuses et travailleurs étudiants des cycles supérieurs est en cours.
Les administrations font tout leur possible pour diviser les étudiantes et étudiants et les professeures et professeurs, et elles profitent de celles et ceux qui prétendent rester « neutres ». Les étudiantes et étudiants ont l’habitude de soutenir leurs professeures et professeurs tout au long du processus de négociation et des moyens de pression, dont des grèves. Dans le cadre de grèves passées, des étudiantes et étudiants et leurs syndicats ont subi des pressions de la part de leur administration pour rester « neutres » ou pour soutenir l’administration plutôt que le corps professoral. Cela se traduit par des campagnes de désinformation sur le syndicat des professeures et professeurs et sur les revendications de ce dernier. Il est pratique courante pour une administration de blâmer les travailleuses et travailleurs. Il n’y a aucune « tierce partie neutre »; lorsque des gens tentent de rester neutres, ce sont les administratrices et administrateurs qui en profitent, pas les professeures et professeurs et surtout pas les étudiantes et étudiants. Quand les étudiantes et étudiants lisent entre les lignes, ils voient clairement que l’administration a peur que les étudiantes et étudiants soutiennent leurs instructrices et instructeurs, professeures et professeurs et autres travailleuses et travailleurs de soutien scolaire. Les administratrices et administrateurs savent que le campus n’existerait pas sans étudiantes et étudiants pour apprendre et sans professeures et professeurs pour enseigner.
L’éducation postsecondaire est sous-financée depuis des décennies et le fardeau du cout de l’éducation a été transféré aux étudiantes et étudiants et aux familles sous la forme d’augmentations des frais de scolarité. C’est d’autant plus le cas des étudiantes et étudiants internationaux. Ce sous-financement se traduit par des classes de grande taille, une lourde charge de travail pour les professeures et professeurs et un taux d’encadrement médiocre. Les deux parties ressentent la pression et les effets d’un système privatisé.
Les étudiantes et étudiants internationaux – qui forment une pierre angulaire de la vie sur les campus – sont utilisés par les administrations pour se remplir les poches. Les frais de scolarité exigés de ces étudiantes et étudiants peuvent atteindre 60 000 $ par année. Malgré les affirmations des administrations et du gouvernement selon lesquelles ils n’ont pas les moyens de financer l’éducation collégiale et universitaire publique, plusieurs établissements ontariens ont dégagé des profits cette dernière année.
Lorsque la main-d’œuvre est précaire, le système avance d’un pas de plus vers la privatisation. Les étudiantes et étudiants ainsi que les travailleuses et travailleurs veulent voir des changements robustes apportés au secteur de l’éducation postsecondaire. Nous appelons à la fin de l’impartition du travail des travailleuses et travailleurs de soutien et demandons aux établissements d’embaucher du personnel pour combler des postes syndiqués et de mettre en place des services internes qui seront gérés en interne.
Il faut mettre fin aux contrats à court terme pour les professeures et professeurs et offrir à ces derniers des emplois à temps plein et bien rémunérés. Les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs ont droit à la parité salariale et à la reconnaissance en tant que travailleurs ainsi qu’étudiantes et étudiants au sein de structures décisionnelles telles que des conseils de gouverneurs et des sénats.
À la fin de nos études, nous faisons notre entrée dans le même marché du travail précaire que nos professeures et professeurs et instructrices et instructeurs. La Fédération lutte pour les professeures et professeurs et leurs enjeux, car nous avons les mêmes préoccupations et nous ne pouvons gagner que lorsque nous sommes unis. La Fédération unit ses forces à celles des syndicats ouvriers qui luttent pour mettre fin au travail précaire.
L’ensemble du système d’éducation postsecondaire souffre lorsque le travail est précaire et sous-financé, et cela a des répercussions sur les étudiantes et étudiants dans les salles de classe. Il n’y a aucune raison justifiable permettant aux administrations et au gouvernement de continuer à sous-financer le système et à percevoir des frais de scolarité élevés. Le système d’éducation postsecondaire est traité comme une société privée pour soutenir les intérêts de l’entreprise privée plutôt que le bien public. Nous sommes d’avis que les universités et les collèges sont des lieux d’appartenance, d’exploration et de croissance et qu’ils ne doivent pas devenir qu’un moyen pour les étudiantes et étudiants d’obtenir une certification à ajouter à leur curriculum vitae.